VOICI VENIR LE NOUVEL ANGYO ONSHI CHEZ LES LP'C

VOICI VENIR LE NOUVEL ANGYO ONSHI CHEZ LES LP'C



Que dire si ce n'est que j'ai un souvenir mémorable de ce manga / manhwa? Oui je vais en fâcher quelques uns, car Youn In Wan (au scénario) et Yang Kyung Il (au dessin) sont tous les deux Coréens et on devrait classer le titre dans les manhwas, mais la prépublication ainsi que la publication s'est faite au Japon, alors... Passons ce petit point "technique" et apprécions le travail de ces deux artistes. Je vous ai déjà parlé de Yang Kyung Il dans mon article sur March Story le manhwaga né le 26 Mars 1970 à Incheon en Corée du Sud est un habitué du marché Japonais. Son compère, Youn In Wan  né le 27 juillet 1976 travaille lui aussi principalement pour le marché Japonais. C'est un duo prolifique qui signe de nombreux titres comme "Island", "Déjà Vu", "Let's Bible", Shin Angyo Onshi Gaiden", "Akuma Bengoshi Kukabara", "Burning Hell", Defense Devil"... Bien entendu nous allons parler de l'oeuvre qui m'a le plus marqué, à savoir "Le Nouvel Angyo Onshi",en Français dans le texte.


Publiés entre 2001 et 2007 au Japon par Shogakukan, les 17 tomes de l'histoire nous ont été proposés par Pika. Dans une édition très classique mais de qualité. Une édition"double" a vu le jour plus tard permettant d'obtenir l'histoire complète plus le one shot "les origines" en 9 Tomes Tankobon Broché, du plus bel effet dans une collection. Les couvertures étant toutes très soignés avec une mise en couleur collant parfaitement avec l'ambiance de l'oeuvre. Le papier est agréable au touché et la qualité d'impression rend totalement hommage au travaille de découpage et de mise en scène des auteurs. Le trait d'une grande finesse de Yang Kyung Il est remarquablement mis en avant, les planches étant souvent assez sombres et dépeignant des fois des environnements riches en détails ne sont pas gâchés par l'impression. Les teintes de noir et de gris sont respectées et c'est un mélange de plaisir et de frisson qui nous guide tout au long de la lecture des différents tomes. La traduction est de qualité et l'histoire qui se complexifie assez rapidement reste accessible au lecteur, il n'y a pas de fautes ou de contre sens, ce qui est un véritable tour de force dans la mesure ou Le Nouvel Angyo Onshi emprunte au folklore Coréen tout en respectant des codes Japonais. 


L'histoire est maîtrisée du début à la fin et bien que Youn In Wan fasse ça et là preuve de quelques errements, les différents éléments s’enchaînent et s’emboîtent parfaitement. Le petit twist du premier tome est un très bel exemple de ce qui attend le lecteur tout au long des aventures de Munsu. L'histoire se passe sur les ruines d'un royaume le "Jushin", on comprend très vite que Munsu le personnage principal était un personnage important de ce royaume et que la chute du "Jushin" ne lui ait pas étrangère. De plus il s'avère qu'il serait un "Angyo Onshi", un justicier œuvrant pour le peuple en représentation du pouvoir central. Chose paradoxale, car il apparaît alors clairement qu'il vit désormais dans une ère d'injustice tout en tentant de faire valoir des droits et règles d'un royaume maintenant déchu. Pour parvenir à faire entendre sa voix, il dispose d'un "Mahai", un médaillon qui symbolise son grade, et donc sa puissance. Un cheval indiquant qu'il peut se voire mettre à disposition des chevaux et des soldats, Deux Chevaux, permettant d'obtenir l'appui de sorciers, Trois chevaux donne le contrôle de l'unité d'élite du Jushin, les soldats fantômes, et le double Mahai à Deux chevaux permet quand à lui d'obtenir le contrôle de l'unité des ombres, constituée uniquement de femmes guerrières contrant les démons et la magie. 


Voilà pour le petit aperçu de l'histoire, mais au delà des bases de fantasy c'est un véritable voyage qui nous est proposé en tant que lecteur. L'histoire commence par une succession de petits seigneurs usant et abusant de leurs privilèges. Le traitement aurait put être très classique, mais on voit très rapidement la personnalité de Munsu se dessiner et quelque part, la logique de l'ancien royaume du Jushin apparaître. Les victimes ne doivent pas rester spectatrices de leur sort, elles doivent combattre, se hisser au delà de la condition dans laquelle elles se trouvent. Tout à la fois héroïque et détestable, Munsu nous présente ses différentes faces. On se prend alors à mieux comprendre la chute d'un royaume qui semblait si prospère et solide. Et pourtant nous sommes bien loin du compte, car si les premiers tomes ne semblent être qu'une suite d'exemples d'injustices uniquement bon à nous présenter des contes populaires Coréen, voir à faire étalage de la ruse, de la fourberie et de la force de Munsu, le but est tout autre. Au fur et à mesure, comme un joueur d'échec (ou comme un bon scénariste ^^) l'auteur nous place les différents protagonistes, et éléments qui vont nourrir son histoire principale. Dans ce monde qui nous rappelle sans cesse que la lumière ne peut exister sans ténèbres, que la grandeur d'un Général comme Munsu est inévitablement liée à des atrocités et de lourdes pertes, le cheminement des personnages principaux apparaît de plus en plus comme une quête de rédemption. Les alliés d'hier devenant nos ennemis du jour et nos alliés de demain. Les sentiments de tous étant étouffés dans un but qui ne se laisse appréhender que plus tard dans la série. 


Le Nouvel Angyo Onshi est un peu comme les LP'C, les personnages vivent dans le présent, se démènent avec leurs démons et désirs tout en regrettant une période passée. Certains endossant la culpabilité d'autre la colère, les différents sentiments se mélangent et aboutissent à des affrontements magistralement mis en scène, les attributs et capacités des personnages sont précis, violents et diablement efficace. La vérité apparaît finalement, nous avons des personnages dont les buts ont été volés à la chute de leur royaume, leurs principes ont volés en éclats et ils ne sont finalement que des chiens de guerre, tout juste bon à tuer. Non pas par plaisir, mais pour se rappeler d'une époque ou cela avait du sens, pour se souvenir que ces actions permettaient par le passé de sauver des vies, de garantir la paix. Pour simplement se sentir utile a quelque chose ou quelqu'un. C'est une histoire de rendez vous manqué, d'attente déçue et de la rencontre avec l'autre. La période durant laquelle se passe les événements fait largement penser à la rencontre entre l'Orient et l'Occident, l'établissement des premiers comptoirs Européens et l'ouverture des cultures. 


C'est cette ouverture et cette peur du changement qui est au centre de l'histoire principale. Les personnes changent, leurs objectifs aussi et les époques s'effacent au grès des révolutions. Pourtant la magie et les contes subsistent et le grand méchant "Ajite" (oui je l'ai enfin nommé ^^) est un exemple de cruauté et de raffinement. Tout aussi logique et pragmatique que le "Jushin" dont il est à l'origine il est séduisant et horrible à la fois. Mettant en place des intrigues dignes de la cour italienne de Florence, des actions militaires que les meilleurs stratèges ne pourraient critiquer. Il est partout, et surtout il est la face sombre de chacun des personnages. Il est cette voix qui nous tente, nous souffle le "bon" conseil et nous propulse au plus profond du désespoir. Seinen oblige, le propos est sombre et agrémenté de nombreuses scènes d'actions. Les guerres sont alors présentées dans ce qu'elles ont de plus laid, l'assouvissement du désir d'un petit nombre au prix de la vie des humains. Insoutenable pour nous, car au final c'est la perversion des lois et principes d'un royaume utopique qui ont mené à ce présent dans lequel la violence et l'injustice sont le lot de tous. La magie et le fantastique sont habilement mélangés de façon à obtenir un contexte, empruntant à la mythologie Coréenne et à des influences plus Occidentales. Le tout servant l'histoire principale et contribuant à la mise en place d'un sentiment oppressant et grandissant tout au long de l'aventure. 


La fin qui est souvent le point faible des œuvres qui nous tiennent en haleine, est simplement parfaite. La tension atteint son point culminant, les personnages se sacrifient, se libèrent, les affrontements tant attendus et régulièrement repoussés, ont finalement lieu. Les explications tombent à un rythme soutenu sans casser le dynamisme des combats. Car ne nous leurrons pas les amis, la fin est un règlement de comptes, les différents protagonistes sont prêts à rendre coups pour coups, les intérêts en bonus. Les 16 tomes précédents ne sont finalement que le reflet du lourd contentieux qui existe. La fin est une forme de rédemption dans le sacrifice qui est offerte aux différents personnages. Mais pas sans être confrontés à des choix difficiles et surtout à eux mêmes. Arriver à la fin de ce titre, c'est comme sortit d'un combat de free fight sans y être totalement préparé. Rectification, rien ne peux vous préparer à ce déferlement de sentiments et d'émotions. Tout vous reviens à la face, l'amitié, la bravoure, la culpabilité, la rage et finalement quand le grand final retombe, on se retrouve seul avec une oeuvre qui vous laisse ce sentiment de nostalgie. Celui qui est tout à la fois doux, amer et nous force à réfléchir aux événements qui se sont déroulés sous nos yeux. 


Il est à noter qu'un film d'animation a été réalisé par Joji Shimura et reprend les début de la série, bien que sympathique il passe malheureusement sur la partie la plus importante de l'histoire. Le studio Oriental Light and Magic a livré un bon travail mais comme souvent lorsque le succès est au rendez vous, le film manque de cette petite touche qui fait toute la magie du titre du manga. Si vous souhaitez passez un moment sympathique vous pouvez le regarder avec plaisir, si en revanche l'univers riche et tourmenté du Nouvel Angyo Onshi vous a remué, n'attendez pas plus de l'animé. Pour ma part j'ai surtout apprécié le titre de Boa "song with no name" mais peut être l'ai je regardé trop tôt ou trop tard ^^... 


©LP'C
©DR

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