Sensô entre sourires et larmes, merci BlackBox

Lundi 8 Octobre, à une journée de mon anniversaire j'ai eu la chance de recevoir par la poste mon pack mécène Blackbox et ma femme m'a ramené de courses le numéro d'Animeland avec le dossier sur Cowboy Beebop. Que demander de plus? Peut être le temps de se poser et de savourer les merveilleux moments que seuls de bons titres peuvent vous procurer. En l'occurence je m'étais laissé tenter par le projet Sensô, racontant un grand pan de l'histoire en s'attardant sur les petites gens et le quotidien de ces derniers.

Tout d'abord je dois saluer l'excellent travail de l'éditeur, Blackbox, sait comment donner envie à des personnes de s'investir et propose régulièrement des titres de qualité, permettant au lecteur de satisfaire sa curiosité et son besoin de diversité. En l'occurence, la communication autour de l'oeuvre de Tetsuo Aoki a été un exemple d'efficience et d'efficacité. La présentation du sujet, des planches, et de l'auteur étaient de premier ordre. Normal allez vous me dire étant donné que monter des projets participatifs est un peu la marque de fabrique de l'éditeur? Peut être, mais quand une chose est bien faite, il faut savoir le reconnaitre. Donc tout simplement Bravo à Mr Regreny, Alexandre de son prénom pour cette proposition pleine de fraicheur et bouleversante d'authenticité. Comme indiqué un peu plus haut, "La Croix Grise" est une oeuvre de Tetsuo Aoki, fondateur du collectif "Piezo Comic" et lauréat du Prix "Shogakukan" catégorie "Jeunes Auteurs". La force de son oeuvre? Le devoir de mémoire et la volonté de transmettre "le témoin de la paix". 

Par respect pour l'oeuvre mais aussi pour vous, je ne vais pas faire un seul spoil. Mais je me dois de présenter un minimum le travail effectué. Les faits se déroulent de l'autre côté du Pacific, en pleine Seconde Guerre Mondiale. Mais au lieu de nous proposer de suivre un héros type, comme un soldat plein de bons principes et de romancer le tout, l'auteur à le bon gout de se placer du point de vue de la population. Car si ce sont les soldats qui vont au front, les populations vivent elles aussi les conflits. Un choix audacieux qui n'est pas sans rappeler "Le Tombeau des Lucioles". D'ailleurs tout comme dans ce grand film d'animation, les sentiments sont au coeur de la lecture et du propos. L'histoire est respectée et nous ne passerons pas à côté des bombardements, des horreurs de la guerre, et des évènements de Nagasaki et Hiroshima. Ne vous y trompez pas, derrière le trait plein de fraicheur et les sourires des enfants, le spectre de la guerre est bel et bien présent. C'est à force de recherches auprès de journalistes, d'historiens et de témoins que la narration se construit. On alterne donc entre des moments que seuls les yeux d'enfants peuvent sublimer et la confrontation avec la réalité. Habilement, les notes d'informations viennent nous éclairer sur différents points culturels et surtout nous rappellent que la conclusion ne sera pas différentes de celle que l'on a connu en cours d'Histoire.

Différents regards sont portés sur les répercussions de la Guerre sans jamais tomber dans une forme de manichéisme simpliste, non tout est assumé. Les différents protagonistes sont d'une rare authenticité et c'est un sentiment d'amertume qui nous guide jusqu'au final, un peu comme l'accueil du traité de Postdam par le gouvernement Japonais pendant le conflit. Attisant la rage des uns face à l'affront que cela représentait et en même temps proposant une forme d'espoir pour les autres. Les personnages ont assez de charisme pour que le lecteur s'y attache et développe un affect alors même qu'il est conscient que l'histoire dont il devient en partie le bourreau (en tournant les pages et en allant jusqu'au dénouement) ne peux que rendre malheureux les acteurs du drame auquel il assiste. Personne n'est ni bon ni mauvais, mais les gens se transforment, ils changent pour leur survie, leurs intérêts, leur pays, leur famille. C'est un véritable plaidoyer pour la paix, et en cela, le titre est remarquable.

J'ai indiqué que le désir de transmission et de paix était palpable tout au long de la lecture des deux tomes qui constitue l'oeuvre. Cela se confirme aussi par les bonus en fin de volume. En plus de la promotion habituelle et de la page réservée au mécènes ^^, c'est toute la chronologie des évènements qui est représenté. entre les témoignages, les explications sur différentes anecdotes et la reprise du contexte historique, on se prend un coup de massue. Oui c'était la Guerre, mais tous les chiffres que l'on ingurgite au fil des pages, le nombre des morts, de victimes, de munitions utilisées. Tout cela vient se ficher dans un seul mot: "réalité". Tout cela s'est réellement passé, le conditionnement, les drames, les actes héroïques, les familles déchirées, tout cela s'est déroulée. A l'inverse d'un JT, qui met en avant uniquement l'idéologie ou des raisons politiquement correcte de livrer bataille (oui oui nous sommes très forts nous autres humains pour justifier l'atroce par l'absurde) "La Croix Grise" met en avant ces personnes comme vous et moi qui subissent les conflits et qui traversent ces évènements qui les dépassent en les dépossédant de tout.

Je serais un bien mauvais lecteur si je ne remerciais pas Mr Corentin Le Corre pour son adaptation qui permet de rendre hommage au travail de Tetsuo Aoki. Cyndie Vega pour le travail au niveau du lettrage et de la maquette (organisation du livre, de sa présentation ^^). Steve Clevede pour les superbes couvertures, mention au passage aux éditions Blackbox qui proposent souvent aux mécènes leur avis sur la couverture et des modifications possibles à effectuer pour contenter la communauté. Merci également à l'ensemble de l'équipe, qui nous soigne aux petits oignons, les expéditions sont soignées et dans les temps, à aucun moment nous ne sommes dans le flou. Maintenant que le moment "remise des Césars" est finit je tiens logiquement à saluer et remercier Mr Tetsuo Aoki pour cette oeuvre qui a illuminé ma soirée, me laissant entre sourires et larmes une fois son oeuvre terminée

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