Jopok et Khangpae la face cachée ou presque de la Corée du Sud

Un titre un peu racoleur, mais bon que voulez vous il faut bien vivre et avoir quelques lecteurs à l'occasion non? Plus sérieusement, mes amis me parlent beaucoup de Kpop et de nourriture, certains s'intéressent à la culture du pays et d'autres (très rares) à l'actualité et l'histoire de ce pays. Au delà des clichés et des fantasmes, l'histoire du monde de la pègre en Corée est intimement liée au développement du pays et aux différents conflits qui l'ont marqué.

On va déjà commencer par oublier l'appellation Mafia Coréenne, le terme correspondant à l'organisation Italienne il n'est pas approprié. De plus il faut distinguer deux formes de pègre, les Khangpae formant des bandes de délinquants liés à des délits mineurs et de l'autre côté les Jopok, véritable entreprise de l'ombre avec ses codes et surtout son implication dans la quotidien des Coréens. Au fil du temps et surtout des évolutions, les deux types d'organisations se sont développés et semblent être devenus similaires dans leurs mode de fonctionnement et dans leurs activités.
Comme de nombreuses organisations à travers le monde, on trouve à la base de ces systèmes de la pauvreté et de la misère. Durant la dynastie Joseon, le développement du commerce avec les Européens à mis au banc de la société des familles et villages entiers. Pour subvenir à leurs besoins ils louent leurs services à des marchands et commerçants. Bien entendu leurs services vont couvrir un large éventail de tâches, vol, extorsion et meurtres... On trouve dès lors des familles qui vont se spécialiser dans différentes branches illégales. L'occupation Japonaise va aussi marquer la population Coréenne. Mettant en place un régime violent et oppressant, les Japonais vont pousser une partie de la population à se rebeller. Ils vont alors créer des mouvements pour lutter contre les travaux forcés et l'esclavagisme sexuel. Petite précision à ce niveau de l'article, je ne souhaite pas relancer le débat sur l'occupation Japonaise durant la période de 1910 à 1945, c'est un débat qui ne fait que raviver les tensions entre deux pays qui ont un passé très chargé (un peu comme la France et l'Allemagne), ce n'est qu'une façon pour moi de poser le contexte du développement des organisations criminelles en Corée du sud. J'ai bien trop confiance en la nature Humaine pour se trouver d'autres raisons de  se lancer dans la voie criminelle sans que le Japon vienne y mettre son grain de sel. Cela étant dit, on se retrouve avec des mouvements "nationalistes" qui vont légitimer des actions plus ou moins violente mais qui vont surtout affronter leurs ennemis ouvertement en créant des gangs.  On retiendra Kim Chwa Chin qui se mesurera aux Yakuzas avec son clan "Jumok".
le genre de scène qui remplace les gunfights...
L'après guerre va permettre aux Jopok et Khangpae de se moderniser, suivant ainsi les changements que la société Coréenne va amorcer. Les gangs vont se créer des lignes de conduites, des Hiérarchies, une organisation dans les activités et surtout elles vont se mêler au fur et à mesure aux "Chaebol". Le pendant Coréen des "Zaibatsu"au Japon. De ce fait, les organisations vont être de mieux en mieux équipées. Que ce soit en terme de matériel licite, (bureau, hangar, véhicules) mais aussi en fournitures professionnelles (armes blanches et à feu, pratique de l'usure,etc...) La plus jeune démocratie est alors totalement corrompue et de nombreux scandales vont entachés les premières années de liberté du pays. Trop en confiance, les gangs vont déchainer leur violence et gangrener les institutions, à telle point que face à l'ampleur des faits, la Corée du sud va mettre en place un projet de loi visant à durcir la législation concernant les membres des organisations criminelles. Depuis cette période il est interdit de porter une arme à feu et les moyens mis à disposition de la police pour lutter contre les Jopok et Khangpae sont réellement impressionnant.

Les règlements de compte vont alors se transformer, les luttes sur des places publiques aux yeux de tous vont céder peu à peu leur place à l'intimidation. Même si les rixes existent encore de nos jours elles sont plus discrètes et ne sont utilisées qu'en dernier recours, le sang n'est pas non plus versé de façon irréfléchi. Les chefs de clans raisonnant de plus en plus comme des chefs d'entreprises en termes de gains, pertes et profits... Les "Chaebol" permettent de pérenniser et de laver les fonds mais ne nous voilons pas la face, les Jopok sont encore liés au trafic sexuel (préférant exploiter les jeunes femmes migrantes, alors qu'auparavant ils se contentaient de piéger les provinciales...), la drogue, la contrebande et tout ce qui concerne les divertissements, salle de jeux, de location, bar, club. L'urbanisation de certains district en Corée et des grandes villes à aussi permit aux Jopok de se lier intimement aux politiciens locaux, au monde de l'immobilier et de la finance. Pour les Khangpae, la transformation est moins spectaculaire, leur champs d'action est régional, ils se contentent de proposer des services de protections et d'investissement. Ce faisant ils sont probablement ceux qui restent le plus proche des origines du mouvement criminel coréen. 

Les membres du milieu suivent tous le même parcours, ils doivent travailler pour une équipe locale, trouver un protecteur, se voir confier des missions à responsabilités et ainsi développer leur "famille" équipe, puis tenter de couvrir leurs activités par le biais d'une entreprise licite. Ce faisant, les tenues sont très variés, les codes ne sont pas nécessairement aussi stricte que chez les Yakuza. en revanche, on note que les tatouages restent un signe fort et important dans le milieu. Ses fonctions sont similaires (appartenance et surtout rôle dans le clan sont désignés par les tatouages que les individus arborent). Ils sont leur fierté et leur carte d'identité. Il n'est pas rare de voir des "juniors" en survêtement ou en tenue de monsieur tout le monde. Ce n'est que plus tard, une fois que les galons sont franchis que les costumes sont de mise. (Là encore, tout dépend de l'activité du Jopok ou Khangpae...)  L'organisation est pyramidale, il n'est donc pas rare que le petit usurier du quartier soit un élément en devenir ou un futur électron qui servira de disjoncteur en cas de coup dur. Et oui, beaucoup d'appelés mais peu d'élus...
Tout comme dans dirty carnival, ils forment souvent un groupe de personnes que la société met à l'écart et dont les eules compétences ne sont pas des plus honorables...
Preuve que les organisations changent, les plus grosses organisations que sont les "Sevens Star" originaire de Busan et le "Double Dragon" de Gwangju ne font presque plus parler d'eux, tant la violence dans les rixes entre clans ont été violentes vers la fin des années 80. De la même façon, la répression de plus en plus forte incite tous les clans à se tenir discret et à développer des skills dans des domaines plus honorables, tout en gardant cette petite touche qui fait que toute proposition devient une "offre que l'on ne peut pas refuser..."
©LP'C
©DR

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