Ma femme est un gangster

Aujourd'hui c'est détente, pas de films à revoir 10 fois pour comprendre les sens cachés, pas de témoignage poignant ni même de tension dramatique. On se penche sur "Jopog manura" ou "조폭 마누라". Le film réalisé par Jo Jin Kyoo sur un scénario de Kang Hyo Jin et Kim Moon Saeng nous est parvenu 3 ans après sa sortie au pays du matin calme. C'est à dire en 2004 au format DVD. Dans l'univers des Jopogs tout n'est pas que bataille sanglante et lutte de territoire et c'est ce que le film nous propose de découvrir.

Eun Jin (Shin Eun Kyung) est le numéro Deux d'une organisation et officie sous le surnom de "La Mygale". Crainte et respectée de tous, elle est froide et implacable vis à vis de ses ennemis. Tout est remis en cause, quand elle retrouve sa soeur dont elle avait été séparée à l'orphelinat. Cette dernière souhaite voir sa soeur épouser un homme et vivre dans un foyer convenable. Ignorant tout du travail de sa soeur et Eun Jin étant bien décidée à épargner ceci à sa soeur, un tour d'équilibriste va se mettre en place. Eun Jin n'ayant de cesse de réaliser le souhait de sa soeur tout en repoussant les attaques de son rival de toujours "Le Squale".
Bien équilibré, le film est un savoureux mélange d'action et de comédie, de nombreux traits d'esprits ne parleront qu'aux personnes connaissant un minimum la culture coréenne, mais dans l'ensemble c'est un film très accessible. Les scènes d'actions sont dynamiques, et donnent un ton badass au récit, les rixes entre clans et les structures des organisations du milieu sont très bien retranscrites à l'écran. L'exagération dans ces codes (devenus des classiques dans le cinéma Coréen) agit comme une soupape, le film ne demandant jamais à être pris au sérieux. C'est plus un cliché de tous les codes de la société patriarcale Coréenne. Immaginez, dans un milieu masculin (les jopogs sont quand même l'équivalent d'une triade, d'un clan yakuza ou de mafia...) une jeune femme est aux commandes. Elle n'a pas de famille directe hormis sa soeur (l'adoption étant quelque chose de tabou chez nos amis Coréens et se révèle être un frein d'accès à des bonnes situations professionnelles et amoureuses...) 

Par ce petit twist, l'intrigue s'envole vers la comédie, celle qui ne se pose pas comme un étalon de l'humour, mais comme celle qui permet de se divertir. Que ce soit le comportement d'Eun Jin, qui copie avec brio les plus mauvais côtés de la gente masculine, boisson, fumer, demande de rapports avec subtilité, et prenant son compagnon pour une parure... Ou sa victime, Kang Su Il interprété par Park Sang Myeon qui pourrait dire "elle me bat parce qu'elle m'aime", le spectateur se surprend à sourire et à rire des situations qui défilent sous ses yeux. Ajoutez à cela la galerie de personnages haute en couleur et le voyage prend vraiment toute sa saveur. Le réalisateur prend de vieilles habitudes Coréennes et les présentent avec tout ce que cela peut avoir d'absurde pour nous Occidentaux et surtout la nouvelle génération (mariage arrangés, demande d'informations sur la belle famille, rôle de l'homme prédominant dans le couple, soumission de l'épouse,etc...) 
Plein de bonnes intentions le film se laisse regarder d'une traite, on ne voit pas passer les 107 minutes.  Oui il ne révolutionne aucun des genres, il ne fait qu'utiliser des cordes déjà bien connues des amateurs de film asiatique. Pour autant, la mayonnaise prend vite et c'est une belle recommandation que je vous fait. Ne passez pas à côté de petit film sans prétention. Osez profiter d'une petite soirée en la compagnie de la Mygale.
©LP'C
©DR

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