A dirty Carnival, c'est l'histoire d'un mec...

Un film coréen que je n'ai pas eu le plaisir de regarder en salle. Non, mais j'ai eu la chance de le voir en dvd il y a quelques temps déjà. Film sorti le 15 juin 2006 nous avons eu le droit à une version en dvd en 2009. "Byeolhan Geori" de son titre original a été réalisé par Yoo Ha. Méconnu du grand public, il a été écrasé par les "Old Boy", "New World" et autres "Bittersweet life". 

Comme beaucoup de films Coréens, on a une narration assez classique (Merci Yoo Ha pour le scénario) on suit un personnage plein de défauts Kim Byung Doo interprété par In Seong Jo. On comprend vite que la vie de truand n'est pas réellement un choix et qu'il n'a pas nécessairement ce qu'il faut pour devenir un véritable Gangster (ceux ayant vu des films comme "New World" comprendront). Pour nous le faire comprendre, le réalisateur ne passe pas par des gunfight, il respecte le cadre réglementaire, à savoir des combats à base de batte, de couteaux, de coups de pieds, une violence simple mais tellement efficace. Pour autant le personnage principal lutte contre lui même et nous présente plusieurs facettes de sa personne, aussi maladroit et plein d'espoir vis à vis de "Hyun Joo" (Lee Bo Young) qu'implacable face à certains ennemis et confrères comme "Sang Chul" (Yoon Je Moon). On le retrouve dans un rôle de papa / grand frère vs à vis de sa famille au sens propre mais aussi vis à vis de ses hommes et de son ami d'enfance "Min Ho" joué par Namgung Min.

C'est ce personnage qui va retenir notre attention, ce gangster, que l'on déteste, que l'on apprend à comprendre, qui vit avec un code bien particulier et qui finit par devenir attachant. Son ascension et sa chute n'en sont que plus poignantes et les 2h20 du film passent sans que l'on s'en rende compte. Le film nous entraine dans une valse de sentiments, joie, peine, colère, justice et injustice, tant et tellement que l'on finit par se dire que Dirty Carnival est un melting pot d'émotion. Loin de nous proposer une série de combat de rue sans intérêt, nous sommes en immersion dans le monde des "Jopok" (gang coréen), tout comme Byung Doo on intègre les règles et les fonctionnements. Mais ayant cette chance d'être spectateur, on voit aussi le piège se refermer sur lui alors que ce dernier ne fait que foncer foncer foncer.

Alternant avec brio entre les séquences d'action et les passages plus calmes, le scénariste distille de nombreux éléments pour approfondir les personnages. certains aspects du film ne seront d'ailleurs pleinement appréciés que par des personnes connaissant quelque peu le mode de vie des Coréens. Ainsi le comportement de "Hyun Joo"peut paraitre étonnant vu la différence de culture, mais les séquences présentant une histoire d'amour entre elle et "Byung Doo" ( le titre "If you come into my heart" de "Jo Duk Bae" est une belle image de cette relation) sont très pertinentes et permettent de mettre en lumière les motivations des personnages tout en rappelant les liens qui les unissaient par le passé. Le titre qui passe à la fin est d'ailleurs un exemple parfait de ce que les scènes d'échanges entre les différents protagonistes tentent de mettre en place. (Old and Wise by Alan Parsons Project)

Bien sur le film n'est pas exempt de défaut, les scènes de combat bien que très bien réalisées et chorégraphiées ne sont pas aussi spectaculaire qu'un "Old Boy". On peut reprocher au film d'être aussi ambitieux que son personnage principal. Des thèmes comme la corruption des programmes de réhabilitation urbaine ne sont que survolés (mais si vous êtes amateurs de films Coréens vous aurez la possibilité d'aborder ce thème dans de nombreux excellents titres du matin calme). La dualité de notre étoile filante peut aussi perturber le spectateur, peu habitué à l'ambivalence de notre héros. (oui j'ai finit par l'appeler ainsi ^^) Les passages se basant sur ses motivations et l'importance de sa réussite peuvent passer pour du "too much" (Bien que nécessaire à présenter l'évolution de la psyché de "Byung Doo" tout au long du film. A mon humble avis son principal défaut est sa comparaison constante avec des films qui ont mis une claque aux spectateurs, les grands frères qui ont déjà officié dans le polar, le film de gangster (Gangster Nameless, Memories of a murder pour en citer d'autres ^^)

Je vous invite à regarder ce film qui reste sincère dans ces intentions du début à la fin. Et peut être aurez vous, vous aussi des frissons en lisant ceci : "dit leur, dit leur, que nous les gangster quand on donne notre vie, c'est par loyauté".

©LP'C